La conférence des Trois

La question d'Allemagne

Quel aura été l'objet de ces conversations ? Essayer de l'imaginer, c'est faire le tour du monde et plus spécialement de l'Europe. Vient en premier lieu la question d'Allemagne. C'est peut-être la dernière rencontre des gouvernants alliés avant la liquidation du Reich. Il importait qu'ils se mettent d'accord à ce sujet. C'est d'abord le problème de l'occupation du Reich et sa division administrative entre la Russie, l'Angleterre, les États-Unis et la France. Mais c'est surtout, problème beaucoup plus grave par son caractère permanent, la question des nouvelles frontières du Reich. La Silésie reviendra-t-elle, comme il est probable, à la Pologne ? Quel sera le statut des territoires rhénans et plus spécialement de la Ruhr ? Car si chacun est d'accord qu'il faut enlever à l'Allemagne ces deux arsenaux de sa puissance guerrière, la question de leur attribution est loin d'être réglée.

Rappelons que cette semaine, par la voix du général de Gaulle à la radio, la France a fait connaître sa position. Il lui faut un contrôle étroit et absolu de la rive gauche du Rhin. Nous avons subi trois invasions faute de contrôler ces territoires. C'est par cette même voie qu'il y a quelques semaines nous avons pu craindre que l'Allemagne déborde à nouveau sur la France. Nos ne pouvons plus nous exposer à ce danger.

La question de Pologne est sans doute le point le plus délicat des discussions. Ici s'opposent nettement les conceptions russe et américaine. Si nerveuse est, à ce sujet, l'opinion aux États-Unis que le président Roosevelt a dû prendre l'engagement, avant de partir, de ne consentir à rien de définitif pour les frontières de cet État.